Recherche identité! Spécialiste, intervenant, éducateur ou comportementaliste animal?

Alexandra Ricque

Depuis 2014, quand les gens me demandent "Tu fais quoi dans la vie?", j’ai toujours un temps d'hésitation.

Pourquoi? Car mon métier est original mais pas toujours pour le meilleur… Mon métier est hors norme, n’est pas réglementé ni reconnu par nos gouvernements. Par conséquent, nous n’avons pas non plus d’ordre professionnel. Au mieux, certaines de nos formations sont accréditées par l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec ou Association des Techniciens en Santé Animale du Québec, mais seulement pour leurs membres.

Dans quel projet professionnel s’insérer alors? Comment le nommer? Comment reconnaître si nous sommes compétents?

Pour mes amis ingénieurs, infirmiers, chefs cuisiniers, la route est toute tracée : les formations sont identifiées, et les moyens objectifs de savoir si "on fait bien son travail" sont multiples. Est-ce que mon prototype fonctionne? Est-ce que mon patient est guéri? Est-ce que mon client photographie son assiette?

Pour moi, c’est autre chose. Le seul moyen est d’assister à de la formation en continu et de se tenir à jour, bien que la pratique demeure essentielle. Il y a aussi des regroupements comme le RQIEC, l’ IAABC ou la PPG (oui je sais ça fait beaucoup de lettres!) … Certains concernent juste les chiens, certains ont des règlements sur les méthodes autorisées ou encore la plupart imposent des examens pour y être acceptés. Je pense que c’est un bon début mais là encore les regroupements se multiplient et il manque d’harmonie pour une communauté unie en comportement animal.

Ça peut vous paraître mignon comme métier et mon conjoint me rassure toujours "toi, au moins, ton métier est noble, tu sers à quelque chose, tu aides les gens et les animaux! ". Il a raison et parfois c’est une raison qui me fait tenir car je dois me battre sur tous les fronts. En effet, je dois prouver en tout temps mes compétences et ma légitimité non seulement à mes clients, mais aussi à mes pairs et surtout à mes éventuels partenaires d’affaire comme les vétérinaires, refuges, pensions, …

Même mon titre n’est pas réglementé! Il n’y a pas si longtemps, vous pouviez lire "Spécialiste en comportement félin" sur mes cartes d’affaires. Un jour mon vétérinaire me dit: "Alex, je pense que le terme spécialiste est réglementé par l’OMVQ". Alors, vite je téléphone à l’Ordre pour ne pas rester sur ce questionnement . Verdict : oui, le terme "spécialiste" est réservé pour les médecins vétérinaires ayant une spécialité ; donc même si je n’ai pas d’ordre professionnel et ne suis pas vétérinaire, je dois me conformer et changer de titre car mon travail est étroitement lié avec le leur. Alors, j’ai fait le choix de prendre le titre "d’intervenante" en comportement animal car je trouvais le mot comportementaliste trop long même si les deux termes sont utilisés dans le milieu.

Les premières années quand je répondais à la question "Tu fais quoi comme métier?", mon interlocuteur disait "Hein? Tu fais quoi?" ou au mieux "Heu… comme avec les chiens?" ou au pire "Haaaa comme César Milan!" … Maintenant, les gens me disent "Wow! C’est cool, je savais que ça existait pour les chiens mais pas pour les chats!". Parfois, je réponds "Je suis psy pour chats et j’aime chat!" ;)